samedi 19 février 2011

Le chat dans d'autres civilisations

Le symbolisme du chat est très hétérogène, oscillant entre les tendances bénéfiques et maléfiques ; ce qui peut s’expliquer simplement par l’attitude à la fois douce et sournoise de l’animal. 

JAPON:

Maneki-Neko
Au Japon, c'est un animal de mauvaise augure, capable, dit-on, de tuer les femmes et d’en revêtir la forme. Le célèbre et paisible chat de Jingorô, à Nikko, semble n'avoir qu'une valeur purement décorative. Cependant, Au Japon, actuellement encore, des talismans représentant un chat avec la patte à l'oreille, les "Maneki-Neko" sont des porte-bonheur. Dans le monde bouddhiste, on lui reproche d’avoir été le seul, avec le serpent, à ne pas s’être ému de la mort du Bouddha, ce qui pourrait toutefois, d’un autre point de vue, être considéré comme un signe de sagesse supérieure.

INDE:
 
 On trouve, en Inde, des statues de chats ascètes qui représentent la béatitude du monde animal (Kramrisch) ; mais le chat est aussi, à l’inverse, la monture et l’aspect de la yoginî Vidâli.

CHINE:

Dans la Chine ancienne, le chat était plutôt considéré comme un animal bienfaisant, et on mimait son attitude, en même temps que celle du léopard, dans les danses agraires (Granet).

CAMBODGE:
 
 De nos jours encore, au Cambodge, un chat en cage est transporté de maison en maison, au cours d’une procession chantante, dans l’intention d’obtenir la pluie : chaque villageois arrose le chat dont les cris, dit-on, émeuvent Indra, dispensateur de l’ondée fécondante. Ce qui peut s’entendre de diverses manières, compte tenu du symbolisme de la pluie. Le chat est donc lié à la sécheresse, laquelle évoque la notion de chaos primordial, de materia prima non fécondée par les eaux supérieures.
 Il est au moins curieux de noter que, dans la Kabbale comme dans le Bouddhisme, le chat est associé au serpent : il indique le péché, l’abus des biens de ce monde (Devoucoux). Il est parfois figuré, dans ce sens, aux pieds du Christ.

VIET-NAM:
  
 L’imagerie populaire satirique vietnamienne fait du chat l’emblème du mandarin, somme toute l’exact équivalent de notre chat fourré.

Chat dans l'Egypte Ancienne
EGYPTE:
 
 L’Egypte ancienne vénérait, sous les traits du Chat divin, la déesse Bastet, comme une bienfaitrice et une protectrice de l’homme. De nombreuses œuvres d’art le représentent, un couteau dans une patte, tranchant la tête du serpent Apophis, le Dragon des Ténèbres, qui personnifie les ennemis du Soleil et qui s’efforce de faire chavirer la barque sacrée au cours de sa traversée du monde souterrain. Le chat symbolise ici la force et l’agilité du félin, qu’une déesse tutélaire met au service de l’homme, pour l’aider à triompher de ses ennemis cachés.

CHEZ LES CELTES:
 
Chat dans la tradition celtique
 Dans la tradition celtique, le symbolisme du chat est beaucoup moins favorable que celui du chien ou du lynx. Il semble que l’animal ait été considéré avec quelque méfiance. Cenn Chaitt tête de chat est le surnom de l’usurpateur Cairpre qui, occupant la royauté suprême, cause la ruine de l’Irlande. Un chat mythique punit, dans la Navigation de Mael-Duin, un des frères de lait de ce dernier qui avait voulu, dans un château désert où la troupe avait festoyé, s’emparer d’un cercle d’or. Le voleur est réduit en cendres par une flamme jaillie des yeux du petit chat, lequel retourne ensuite à ses jeux. Le portier du roi Nuada à Tara avait également un œil de chat, ce qui le gênait quand il voulait dormir, car l’œil s’ouvrait la nuit au cri des souris ou des oiseaux. Au Pays de Galles enfin, un des trois fléaux de l’île d’Anglesey est, d’après les Triades de l’île de Bretagne, un chat mis bas par la truie mythique. Henwen (Vieille-Branche) ; jeté à la mer par le porcher, il fut malencontreusement sauvé et élevé par des imprudents. On peut se demander cependant si, dans tout cela, il ne s’agit pas quelquefois plutôt du chat sauvage que du chat domestique.

TRADITION MUSULMANE:
 
 Dans la tradition musulmane, le chat (qatt) est au contraire plutôt favorable, sauf s’il est noir. D’après la légende, comme les rats incommodaient les passagers de l’Arche, Noé passa la main sur le front du lion qui éternua, projetant un couple de chats ; c’est pourquoi cet animal ressemble au lion. Le chat est doué de baraka. Un chat parfaitement noir possède des qualités magiques. On donne sa chair à manger pour être délivré de la magie ; la rate d’un chat noir, accrochée à une femme qui a ses menstrues, les arrête. On se sert de son sang pour écrire des charmes puissants. Il possède sept vies. Les Djîn apparaissent souvent sous la forme de chats. En Perse, quand on tourmente un chat noir, on risque d’avoir affaire, sous cette apparence, à son propre hemzâd (génie né en même temps que l’homme pour lui tenir compagnie) et de se nuire ainsi à soi-même. Suivant d’autres, un chat noir est un Djîn malfaisant qu’il faut saluer, quand il entre de nuit dans une chambre.

 Dans beaucoup de traditions, le chat noir symbolise l’obscurité et la mort.

 Le chat est parfois conçu comme un serviteur des Enfers. Les Nias (Sumatra) connaissent l’arbre cosmique qui a donné naissance à toutes choses. Les morts, pour monter au ciel, prennent un pont : sous le pont, c’est le gouffre de l’enfer. un gardien est posté à l’entrée du ciel avec un bouclier et une lance; un chat lui sert à jeter les âmes coupables dans les eaux infernales.

Chat sauvage
INDIENS D'AMERIQUE DU NORD:
 
 Chez les indiens Pawnees d’Amérique du Nord, le chat sauvage est un symbole d’adresse, de réflexion, d’ingéniosité, il est observateur, malin et pondéré, et il arrive toujours à ses fins. De ce fait, c’était un animal sacré, qui ne pouvait être tué que pour des fins religieuses, et en observant certains rites.

AFRIQUE:
 
 De l’adresse et de l’ingéniosité, on passe au don de clairvoyance ; ce qui fait que nombres de sacs à médecine sont fait de peau de chat sauvage, en Afrique centrale.

(J. Chevalier, A. Gheerbrant)

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